PROJET NOMMÉ POUR LE PRIX ÉTUDIANT COAL – CULTURE & DIVERSITÉ 2020

École supérieure d’art et de design de Reims

Alix Lalucaa et Lisa Faure, étudiantes en master 1 Design produit et Espace à l’Ecole supérieure d’art et de design de Reims, ont développé un attrait particulier pour la matière. Elles l’expérimentent tout en apprenant à développer un langage artistique et une dimension sensible et narrative propre à l’objet.

Alix et Lisa partagent un univers onirique qu’elles nourrissent à travers le dessin, la peinture et d’autres disciplines des arts plastiques. Leur univers de travail aborde les questions sociétales et environnementales comme le développement durable, la valorisation de la matière et l’artisanat local.

Chacune d’elles apporte sa spécificité au cœur de chaque projet. S’entremêlent alors d’une part, une vision sociale du rapport entre l’Homme et l’objet et, d’autre part une approche observatrice de la diversité du vivant.

Imaginer une signalétique permettant de valoriser la biodiversité et en particulier les espèces menacées, c’est le cœur du Projet Cairn d’Alix Lalucaa et Lisa Faure, développé dans le cadre de deux séjours au sein du Parc naturel régional des Ballons des Vosges.

Traduite par une série de sculptures en granit inspirées des cairns, Alix Lalucaa et Lisa Faure créent une signalétique, en partenariat avec une graniterie locale, s’intégrant dans le paysage vosgien. Dans une démarche de préservation du vivant, elles souhaitent ainsi orienter les regards des visiteurs vers les éléments peu visibles de la nature et leur offrir une expérience enrichissante : informer le visiteur sur la fragilité des espèces, les ressources premières et les savoir-faire du territoire.

Les proportions de chaque pièce permettent la réutilisation des chutes de granit tout en assurant leur intégration dans le paysage naturel. Alix Lalucaa et Lisa Faure prennent en compte la reproductibilité des sculptures selon le territoire visé en faisant le choix du granit, matériau extrait des carrières locales, résistant à l’usure et au gel.  Les tracé des oeuvres – pensées comme des microarchitectures – joue avec l’équilibre et la fragilité de la végétation environnante. Chaque sculpture, associée à une plante et placée à proximité de celle-ci, prend une forme et une finition différente. Repérable par les visiteurs et randonneurs, même en hiver, leur projet s’ancre sur les sentiers où la biodiversité se trouve fragilisée face à la cueillette sauvage ou au piétinement.

 

Quel est votre rapport, en tant qu’artiste ou à titre personnel, à l’engagement environnemental ?

Ayant toutes les deux une vingtaine d’années, nous faisons partie d’une génération qui a connu dès son plus jeune âge l’importance de l’écologie dans notre quotidien. La gestion des déchets, de l’eau ou de l’électricité en sont quelques exemples. Le designer se doit de proposer des réponses aux enjeux sociologiques et environnementaux. L’écologie est fondamentalement en lien avec les réflexions du designer d’aujourd’hui.

Nous partageons la vision de repenser notre relation à l’objet, de ne pas seulement trouver des alternatives pour réparer les problèmes causés par notre mode de vie, mais de remettre en question notre principe même de consommation.

Comment imaginez-vous le monde qui vient ?

Nous avons une vision relativement optimiste de l’avenir de notre monde. L’homme a toujours su s’adapter et évoluer. Nous aspirons à un monde où la relation entre l’homme et l’objet serait moins dans l’acte de posséder plus mais plutôt de posséder bien. Valoriser les savoir-faire locaux, les circuits courts et les ressources présentes sur nos territoires nous parait être une piste intéressante pour l’avenir.

 

Image à la une : © Lalucca/Faure, Ensemble des structures,  2020